Pour la plupart des consommateurs, le Porto est rouge. Et comme cette couleur représente en effet 80% de la production totale de portos, le Porto Blanc a longtemps été méconnu hors du Portugal. De plus, il était souvent positionné comme un apéritif à compléter avec un tonic, au lieu d’être considéré comme un vin muté, digne du travail fourni pour l’engendrer. Pendant des décennies, il a été classé selon le sucre résiduel et l’alcool qu’il présentait. Six catégories déterminaient sa personnalité (léger-sec, extra-sec, sec, demi-sec, doux et lagrima) et en règle générale, aucune marque ne mettait en valeur sa production de Portos Blancs. Or, certaines caves recelaient de véritables trésors gustatifs, dignes des meilleurs Portos Tawnies. À la fin des années 2000, un virage réglementaire a donc été décidé et entrepris par les institutions officielles afin de donner au Porto Blanc ses véritables lettres de noblesse et surtout, de véhiculer une considération aussi élevée que celle dressée pour le Porto rouge. Depuis, ce sont de véritables bijoux, souvent très rares, qu’il nous est donné de découvrir !

Aujourd’hui donc, le Porto Blanc ne se décline plus seulement à travers son sucre et son degré d’alcool, mais bien à travers la durée de son élevage en fût de vendanges assemblées ou de « Colheita ».
La nomenclature existant déjà pour le Porto rouge avec les tawnies, il a été décidé de reprendre les mêmes catégories de vieillissement pour le Porto Blanc et d’envisager également la notion de « Colheita » (une seule récolte).
Par ailleurs, le terme tawny désignant une couleur propre au Porto rouge, on parle de Porto Blanc à mention d’âge et non de tawny blanc à mention d’âge, même si, en effet, certaines de ces catégories dans les deux Portos, se rejoignent en matière de couleur et d’évolution aromatique.

On parle donc aujourd’hui de Fine White pour un Porto Blanc élevé 2 à 3 ans en fût, de Reserva Blanc pour un Porto Blanc élevé 3 à 6 ans en fût, des Portos Blancs avec mention d’âge (10 ans, 20 ans, 30 ans et 40 ans) et de Colheita pour ceux issus d’une seule récolte.
Enfin, comme il n’y a pas eu l’abandon des 6 catégories initiales de sucre pour les Portos Blancs dits standards, certains ont intégré les nouvelles dispositions de vieillissement selon les désirs des maîtres de chais et des stocks qu’ils avaient à gérer.

Et il est justement là le miracle du Porto Blanc au 21ème siècle : ses catégories d’âge liées à ses catégories de sucre, permettent une multiplication de saveurs !

Certes, pour le consommateur, ces nouvelles dispositions d’élaboration vont lui demander un effort de démêlage et d’apprentissage parmi toutes les possibilités de saveurs proposées.

Les Portos Blancs sont ainsi devenus, selon moi, encore plus envoûtants que les Tawnies, car les combinaisons exceptionnellement variées d’un point de vue aromatique et comportemental, ont engendré des vins au goût plus ou moins sec, plus ou moins oxydatif, et plus ou moins riche, touchant absolument tous les parfums affichés sur une roue vinique.

D’un point de vue probabilité mathématique d’ailleurs, les combinaisons seraient presque infinies ! Les maîtres de chais doivent s’amuser !
Comme je le mentionnais dans le premier article sur le Porto pour cette période de fin d’année 2020, si l’offre a considérablement baissé au Québec en matière de  Portos rouges, celle en matière de Portos Blancs a pour ainsi dire, fondue.

Les Portos Blancs de la sélection qui suit, ne sont donc pas tous disponibles sur le marché du Québec.

Warre’s – Fine White Port – 19,95 $ –  Code SAQ 925461 – Agences Les Sélections F. Fréchette

L’Originalité de cette cuvée est l’emploi de la malvoisie à 80 %. Est-ce la raison d’une touche de jasmin dans les arômes ? Toujours est-il que celle d’amandes fraîches est nette et que l’enveloppe légèrement citrique qui rappelle le zeste d’orange, apporte la juste fraîcheur qui équilibre la texture assez moelleuse. À partager avec les classiques croquettes de morue avec quelques gouttes de citron.

Offley – Cachucha – Réserve – 20,70 $ – Code SAQ 582064 – Agence Authentics

Cuvée classique au Québec, elle est particulièrement expressive au nez grâce à ses accents d’eau-de-vie de petites prunes qui, une fois en bouche, apporte un peu de mordant dans une chair onctueuse et longue.
Incontournable pour s’initier au Porto Blanc et original – mais sucré – avec un morceau de nougat au dessert ! 

Vasques de Carvalho – Reserva White Port – Non représenté au Québec

Superbe blanc de la catégorie Reserve grâce à des accents de marmelade au nez comme en bouche et dont l’enveloppe citrique vient rafraichir le moelleux de la texture.
Après quelque minutes dans le verre, il dégagerait presque un caractère iodé surprenant, d’où un test – marginal , je le reconnais – avec des huîtres et qui pourtant, s’est révélé réussi.
Plus classique l’accord ? Fromage Sao Jorge !

Maynard’s – Colheita 2007 – 39,75 $ – Code SAQ 14261050 – Agence LVB International

C’est un jeune Colheita, donc le fruité blanc sec et quelques accents floraux sont encore présents, même si le temps sous bois se laisse capter à travers des arômes  de noisettes et pinède. La texture est riche, accrocheuse sans être collante, elle donne envie de déguster ce Porto Blanc avec une crêpe suzette ! Essayez !

Andresen – 10 ans – White Port – 500 ml – 27,45 $ – Code SAQ 10944347Agence Divin Paradis

Doux, moelleux, peu puissant donc délectable, on hume et l’on goûte un peu de caramel Breton au beurre salé et l’intégration du sucre est tellement remarquable qu’on touche en finale, la fraîcheur initiale des cépages blancs assemblés.
Ce Porto Blanc 10 ans, depuis longtemps élaboré chez Andresen, fait partie des meilleurs de la catégorie. Une fin de soirée avec quelques amandes grillées subtilement vanillées vous laissera un beau souvenir de dégustation.

Kopke – 20 ans White Port – IP au Québec – Agence Les Sélections F. Fréchette

Ce Porto Blanc 20 ans étonne beaucoup par son comportement aromatique, car il est à la fois sur des notes de fruits blancs comme les pommes ou les poires et sur celles, « plus logiques », d’épices et de noix de Grenoble.
Bref, il bouge beaucoup et cette relation fraîcheur / oxydation, fait à la fois son originalité et sa réussite dans le contrôle de sa mise en bouteille.
Quant à la texture suave, elle devrait parfaitement s’accorder avec un fromage à pâte molle ou fondue de style Saint Julien au Québec, Timanoix en Bretagne ou Rambol.

Quinta da Devesa – 30 ans – 72 $ – Code SAQ 13430464 – Agence Tocade

Maison assez méconnue du grand public, elle devrait justement devenir populaire grâce à ses portos blancs toujours séduisants par leur fraîcheur, ce qui est le cas – trop rare – avec ce 30 ans où les notes de fruits, certes confits, sont bien présents, voire dominants, face à celles de noix, de caramel et de pains toastés blonds après quelques minutes dans le verre.
Moelleux et long, ce 30 ans est de plus particulièrement abordable au portefeuille…
Surveillez les arrivages, il reviendra, il vous comblera !

Dalva – Colheita 1963 – Golden White Port – IP au Québec – Agence La Céleste Levure

La collection de colheitas blancs de cette maison est remarquable, elle devrait permettre l’exceptionnel potentiel de séduction auprès des nouveaux consommateurs. Ce 1963 nous plonge dans un crescendo aromatique unique de noix, de cire, de tiramisu, de bois de santal et de cacao.
Quant à la texture, on s’attend à quelque chose de gras, voire de lourd, on est agréablement surpris par une souplesse déconcertante, presque fluide, comme si le temps n’avait pas seulement imprégné les parfums, mais qu’il avait aussi retenu la vivacité initiale du vin blanc sec.
Immense Porto Blanc !

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