Créée en septembre 1955, mais commercialisée 5 ans plus tard parce que cela correspondait au 300ème anniversaire du mariage de Marie-Thérèse d’Autriche avec Louis XIV, cette cuvée porte le nom qu’on donne au siècle du règne de ce dernier : le grand siècle. Et Charles de Gaulle y a un peu contribué ! En effet, Bernard de Nonencourt (décédé en 2010) qui présidait alors la maison Laurent-Perrier, cherchait un nom pour sa cuvée de prestige. Ses états de services glorieux dans l’armée française lors de la Seconde Guerre mondiale lui ayant apporté l’amical respect du général, il lui soumit quelques idées à valider. Et la réponse fut…
Gaullienne, donc franche !
"Grand Siècle, évidemment, Nonencourt !" répondit l’homme du 18 juin.
Innovante et discrète
Ainsi est née la première cuvée de prestige de Champagne, fondamentalement champenoise dans l’esprit, puisqu’elle présente la notion d’assemblage : assemblage de cépages, assemblage de grands crus et assemblage de millésimes.
Alors que dans les années 1950 et 1960, les grandes maisons lancent leur cuvée de prestige caractérisée par l’excellence du millésime sélectionné, Laurent-Perrier assemble 3 vendanges (pas nécessairement successives) qui passent environ 7 années sur lattes avant d’être commercialisées.
La marché verra toutefois du Grand Siècle millésimé dans les années 1980 pour répondre uniquement aux amateurs nord-américains, plus rassurés par la notion de "vintage".
Néanmoins, cette cuvée de prestige qui présente équitablement assemblés le chardonnay et le pinot noir, conserve aujourd’hui son originalité en étant "champenoisement" classique !
"Et le vin ?" Me direz-vous.
C’est là le miracle du champagne puisque, si logiquement, un Grand Siècle issu de l’assemblage de 3 millésimes donnés, sera différent d’un Grand Siècle issu de l’assemblage de 3 autres millésimes donnés, deux paramètres sont toujours présents à la dégustation: l’énergie et la plénitude.
Moins ostentatoire que d’autres maisons, Laurent-Perrier a toujours innové : son Grand Siècle en tant que première cuvée de prestige non millésimée, sa cuvée Rosé en tant que premier rosé de macération 100 % pinot noir lancée en 1968 et sa cuvée Ultra-Brut lancée en 1981 alors que la catégorie Brut Nature n’était pas encore déposée.
Les itérations de Laurent-Perrier
Ronronnante depuis 20 ans, Laurent-Perrier semblait moins dynamique qu’autrefois…
Sans doute pour mieux surprendre puisqu’au printemps 2019, elle présente une nouvelle cuvée et fait une idoine mise au point avec son Grand Siècle, prouvant qu’elle s’adapte aux nouveaux consommateurs pour qui la traçabilité et la référence d’un produit consommé, sont importantes :
un numéro correspondant au nombre de créations de Grand Siècle est désormais apposé sur la collerette de chaque bouteille.
Nommé Itération, ce concept fait référence aux trois millésimes assemblés, jusqu’alors non précisés.
N 24 par exemple (l’itération 24) s’applique à l’assemblage des millésimes 2004, 2006 et 2007.
Le consommateur actuel désirant, précisément, connaître ce qu’il consomme, il peut désormais consulter le site de la cuvée (voir ci-bas) qui divulgue les caractéristiques des millésimes assemblés de chaque itération.
Une pertinente décision de la maison Laurent-Perrier que n’aurait pas freiné Bernard de Nonencourt.
L’autre nouveauté est un Blanc de Blanc Brut Nature dont je parlerai plus tard sur ce site…