Fondé en 1856, à une époque où une partie de l’Allemagne est encore la Prusse, Rotkäppchen (Le Petit Chaperon rouge, en allemand) qui était encore, avant 1989, de l’autre côté du rideau de fer, est devenue l’une des plus imposantes entreprises vinicoles sur la planète ! Championne des bulles allemandes (Sekt), elle en commercialise annuellement 180 millions de bouteilles ! Contrôlée par les Nazis, puis par Soviétiques et enfin par les communistes de l’ex RDA, elle vendait à peine 1,8 million de bouteilles avant la chute du mur de Berlin. 30 ans plus tard, elle en vend 100 fois plus !

Société basée à Freyburg en Saxe-Anhalt, elle n’élabore pas que des bulles puisque 45 millions de bouteilles de spiritueux et 25 millions de bouteilles de vins tranquilles sortent chaque année sous ses différentes marques. 
Rotkäppchen, c’est 55 % de la production du vin effervescent allemand !

En 2002, la société rachète à Seagram les marques Mumm & Co, MM Extra et Jules Mumm, laissant au groupe Pernod-Ricard le champagne GH Mumm. Un an plus tard, elle met la main sur la marque Geldermann qui va devenir son haut de gamme en matière de bulles, puis la marque Blanchet entre à son tour dans la société.

Le succès des bulles de la société passe depuis 20 ans par une communication publicitaire à l’année longue, tandis que la concurrence se réveille surtout lors du dernier trimestre de chaque année, visant surtout les fêtes de noël et du nouvel an. Si les Allemands sont les premiers consommateurs de bulles dans le monde, Rotkäppchen y est pour beaucoup.

L’autre point de la stratégie gagnante au niveau des Sekt de la société réside dans leur tarif : il est le même pour tous les vins ! 5 euros. Quel que soit le marché, le groupe vend ses vins au même prix. Si le détaillant offre un rabais ou augmente ce dernier, c’est lui qui assume les effets.

Lors d’une visite récente des installations, le directeur de production confiait que la chaîne d’embouteillage fonctionne 24h/24h, cinq jours sur sept ! 
50 000 bouteilles par heure sont etiquetées, emballées et expédiées !

Lorsqu’on analyse donc la gestion et les chiffres de l’entreprise, on ne peut être qu’admiratif.

Toutefois, le groupe a un souci majeur depuis longtemps : 97 % de son marché est allemand. 
Et si certaines étiquettes présentent une qualité honorable, capable de rivaliser avec les meilleurs effervescents internationaux, personne ne le sait. 
Le monde ne connaît, pour ainsi dire, aucune de ses marques. 

L’acquisition du prosecco Ruggeri en 2017 est à considérer comme une nouvelle étape dans l’évolution de Rotkäppchen : la conquête d’un marché international. 

Le petit chaperon rouge est sorti du bois. Va t-il s’attaquer à d’autres loups hors d’Allemagne dans les années 2020 ? Dans tous les cas, il est équipé pour le faire…

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