Avec un vignoble dont plus des deux tiers est planté de cépages blancs (principalement riesling et müller-thurgau), l’Allemagne est le troisième producteur de vins effervescents dans le monde (20 millions d’hectolitres annuellement) et surtout, le premier consommateur de vins effervescents, toutes méthodes d’élaborations confondues ! En effet, les Allemands importent en plus 1,3 millions hectolitres de mousseux et de perlants étrangers ! C’est pourquoi, on connaît mal le vin effervescent germanique hors de l’Allemagne, puisqu’il est surtout consommé par les Allemands !

On compte actuellement 1362 entreprises artisanales et industrielles qui produisent du vin effervescent en Allemagne.
Les trois premiers producteurs de vin effervescent (ou Sekt) sont le groupe Rotkäppchen-Mumm, le groupe Schloss Wachenheim et le groupe Henkell-Söhnlein. 
À elles trois, c’est 80 % de la production de bulles du pays !

Rotkäppchen (la capsule rouge) est presque devenu un nom commun en allemand, fort du succès depuis plus d’un siècle des bulles de la marque. On n’achète pas un mousseux de l’autre côté du Rhin, on achète du Rotkäppchen.

Les vins effervescents allemands sont classés en trois catégories déterminées, non pas par la provenance géographique en priorité, mais par le poids et la qualité du moût pour la cuvée, puis la méthode d’élaboration : le Schaumwein (vin mousseux), le Qualitätsschauwein ou Sekt (mousseux de qualité) et le Qualitätsschauwein bestimmter Anbaugebiete (mousseux de qualité provenant d’une région déterminée).

Schaumwein

Vin dont l’effervescence est obtenue par la première ou la seconde fermentation alcoolique des raisins, du moût de raisin ou d’un vin sec qui dégage du dioxyde de carbone à l’ouverture de la bouteille. Sa teneur minimum en alcool doit être de 9,5 % et la surpression par le CO2 supérieure à 3 bars. Il peut être élaboré en brut nature, extra-brut, brut, extra dry, demi-sec et doux.

Qualitätsschauwein ou Sekt

Mousseux qui peut être élaboré selon la méthode en cuve close, la méthode de transfert ou la méthode traditionnelle. Après la deuxième fermentation, ils doivent titrer au moins 10 % d’alcool et 3,5 bars de pression.
Le terme Sekt provient de l’évolution et de la dérivation du mot Sack qui, du 16ème  siècle au 19ème siècle, désigna d’abord les vins mutés espagnols, puis le Xérès et enfin, un vin blanc, parfois mousseux, qu’on servait dans les tavernes allemandes. 
Ce dernier obtint son nom à cause du dramaturge allemand Ludwig Devrient qui, en 1825, demanda en entrant dans un restaurant, un verre de Sack à la manière du héros shakespearien Falstaf. Le personnel ne comprenant pas le comédien, on lui servit un verre de vin blanc pétillant. L’anecdote berlinoise devint nationale et après quelques années, on désigna un vin qui pétillait par le terme Sekt. 
Le Sekt peut être élaboré avec tous les cépages autorisés par l’Union européenne. Cependant, si la mention Deutscher Sekt est inscrite sur l’étiquette, les cépages doivent provenir d’Allemagne. Enfin, si la mention Sekt b.A. est indiquée sur l’étiquette, les cépages doivent provenir d’une région allemande déterminée (voir catégorie suivante). 
En outre, la mention Winzersekt signifie que le vin effervescent est entièrement artisanal, qu’il a été élaboré depuis la conduite de la vigne jusqu’à la mise en bouteille, par le vigneron, sur son domaine. 
Les cépages les plus utilisés pour l’élaboration des meilleurs vins, c’est-à-dire les Deutscher Sekt, sont le riesling, le pinot noir, le pinot meunier, le pinot gris, le pinot blanc, le sylvaner, le chardonnay, le rieslaner, l’elbling, le kerner, le scheurebe et le gewurztraminer.

Qualitätsschauwein bestimmter Anbaugebiete

Ces vins suivent les mêmes règles que la catégorie précédente, tout en étant originaires d’une région délimitée. Enfin, une fois élaborés, ils sont testés par un comité d’au moins trois experts d’État qui déterminent si les conditions de couleur, de limpidité, d’effervescence et de caractéristiques des cépages sont représentatives des qualités de l’appellation. 

À ces trois catégories, on peut ajouter le Perlwein, un vin pétillant qu’on a vulgarisé sous le nom de « Secco ». L’essor du Prosecco d’Italie, devenu phénomène commercial, a indubitablement influencé les instances allemandes dans le choix de ce terme. Il se distingue du Schaumwein par des bulles plus fines qu’on assimile à des perles, d’où son nom. Il est toujours obtenu par une fermentation en cuve close et est élaboré en sec, demi-sec et doux. Sa production est industrielle, elle est la catégorie la plus produite en Allemagne. Elle s’établit à partir de moûts et de vins produits localement ou importés, en fonction des besoins et des prix du raisin naturel.

Crémant, la mention française autorisée

Enfin, depuis 2009, on peut rencontrer le terme Crémant sur une bouteille de bulles allemandes. Le consommateur peut être dérouté parce que même si le terme Crémant oblige l’élaborateur à suivre des règles strictes, adaptées à l’Allemagne en matière de cépages, qui sont les mêmes que celles instaurées pour la France, la Belgique ou le Luxembourg, il reste qu’il ne sonne pas très germanique. Ainsi, certains vignerons l’ajoutent à leur étiquette parce qu’ils prétendent que le terme est plus crédible, qu’il valorise la méthode traditionnelle. Généralement, ces vignerons sont proches de la frontière française, l’influence linguistique les a guidés dans ce choix. Sur la même étiquette seront mentionnés les termes Klassische Flaschengärung, garantissant la méthode classique (traditionnelle). 

Les mentions importantes qu’il faut connaître

Klassische Flaschengärung : méthode traditionnelle (seconde fermentation en bouteille).
Flaschengarüng : il s’agit de la méthode transfert, et non de la méthode traditionnelle (double fermentation dont une en cuve).

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