La maison célèbre ses 200 ans cette année. Elle s’est considérablement développée en Amérique du Nord, un marché de champagne plus ostentatoire que pointu où le bling bling prime davantage que l’authenticité. Et conquérir cette Amérique en mettant en avant l’être plutôt que le paraître est aussi l’une des qualités de Billecart-Salmon qui continue de faire des émules…

35 hectares en propriété, 75 hectares en fermage (location et contrôle de la vigne),175 hectares en approvisionnement (une trentaine de vignerons), autour de 250 ha en exploitation, voici globalement les chiffes qui établissent la maison basée à Mareuil-sur-Aÿ depuis 1818.

Les fondateurs de cette maison Nicolas-François Billecart et sa femme Élisabeth Salmon, encadrés par le frère de cette dernière, Louis Salmon, ont toujours conservé un aspect artisanal dans l’élaboration perfectionniste de leurs champagnes, déjà très appréciés des connaisseurs au XIXème siècle. Toujours familiale et indépendante (actionnariat de 45 % du groupe Frey par le biais de Montebello Domaines depuis 2005), elle est aujourd’hui présidée par François Roland-Billecart qui représente la 6e génération. A ses cotés, Alexandre Bader est à la direction générale et Antoine Roland-Billecart, le frère de François, à la direction générale adjointe en charge de l’export. Ce dernier est Commandeur de l’Ordre des Coteaux de Champagne depuis mars 2015.

Chaque parcelle est vinifiée séparément (200 cuves en acier inoxydable). 
17 hectares de pinot noir (50 ans d’âge en moyenne) sur Aÿ, Ambonnay et Mareuil sont consacrés au vin rouge pour la cuvée Rosé. La stabilisation par le froid afin de clarifier le moût est employée depuis les années 1950, une méthode utilisée pour la première fois en Champagne par le grand-père d’Antoine Roland-Billecart. 
La fermentation malolactique n’est pas systématique, mais adaptée selon les récoltes et les cuvées. Si le rosé d’assemblage est devenu le symbole commercial de cette maison, il ne faut surtout pas négliger les autres cuvées, moins prévisibles, donc plus surprenantes.
1,5 à 1,7 millions de bouteilles sont annuellement élaborées, il n’y a aucun achat sur lattes, aucun achat de vins clairs, la signature Billecart-Salmon est une signature maison dont les caves et leur labyrinthe de 3 km veillent sur 5 millions de bouteilles.

Cuvée Brut Réserve – 16/20 selon le Guide Revel – 63,25 $ au Québec

40 % de vin de réserve (base 2010) – pn, pm, ch – 7 gr par litre
Un champagne qui a du corps, très expressif en bouche à travers des arômes qui pinotent (noyaux, canneberges, cerises) sans gommer la tension générale et les accents plus délicats d’amandes. C’est une cuvée gourmande grâce à son effervescence moelleuse, accrocheuse en bouche et soutenue en finale par un léger caractère épicé. L’accord avec un fromage de cave de type vieux cheddar ou parmigiano Reggiano se montre souvent original et adéquat. Essayez-le.

Cuvée Extra-Brut – 17/20 selon le Guide Revel – 74,75 $ au Québec

Une cuvée laissée en cave une année de plus que le Brut Réserve (4 ans et demi). L’attaque en bouche mord agréablement, les notes iodées sont présentes et pourtant, la caractère biscuité gagne rapidement – ce qui est rare pour un extra-brut -, tournoyant discrètement, dans une effervescence onctueuse. Curieusement court en finale ou peut-être dégusté trop rapidement, ce champagne s’est montré plus charmeur et plus long après l’avoir laisser s’oxygéner un quart d’heure dans le verre. Un extra-brut à la vinosité blonde établie pour une belle entrée de fruits de mer. Avis aux heureux dégustateurs donc.

Cuvée Blanc de Blancs – Brut – 17/20 selon le Guide Revel – 97 $ au Québec

C’est Antoine Rolland-Billecart qui a décidé de créer cette cuvée. Elle n’est composée que de grands crus.
Incisif et puissant, ce pur chardonnay a des accents d’eau-de-vie de poire et de mirabelle. Il est à la fois fin et solide, présente des bulles d’une finesse extrême qui pourtant ne provoquent pas de l’onctuosité, mais une texture enveloppante et longue en bouche grâce à une fraîcheur exemplaire, sans doute apportée par la vinification. On le privilégiera sur une entrée de crustacés ou simplement à l’apéritif.

Cuvée Brut Rosé – 16/20 selon le Guide Revel 2014  – 104,25 $ au Québec 

Produit depuis les années 1950, le Rosé de Billecart-Salmon fait partie des références champenoises dans la catégorie. Un style, selon moi, plus subtil que racé et plus délicat que corsé. Rien n’est exubérant au nez, tout est dans la suggestion et la discrétion : on décèle des notes de groseilles et de cake aux cerises. Le pinot noir est bien présent en bouche, par ses arômes de fruits rouges des champs, d’agrumes et de musc, la silhouette est plus tranchante que tapissante, les bulles sont fines, sans pour autant donner un volume trop crémeux. C’est un vin que les amateurs de rosés élégants et aériens apprécieront. 

Cuvée Brut sous Bois – 17/20 selon le Guide Revel- SAQ Signature au Québec à 102 $    

Le dernier né des vins de la maison est vinifié en barrique, puis élevé cinq années afin de lui donner de la chair. Il se montre expressif, confit dans les arômes de fruits, subtilement grillé dans les arômes d’élevage, toutefois moins que les premières cuvées expédiées lors de son lancement commercial; dans tous les cas charmeur et plein, et pourtant minéral dans l’expression de son enveloppe en bouche. La texture est satinée, construite par une effervescence soignée et onctueuse qui distille des notes tantôt exotiques, tantôt épicées pour finalement finir sa course sur une sensation gourmande avec quelques amers. Un champagne taillé pour la table, à la longueur aromatique remarquable.

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