Si une ligne de démarcation existait entre la Champagne et la Bourgogne, les cinq hectares de Bénédicte Ruppert et Emmanuel Leroy en formeraient les méandres. Pendant des années, Gérard Ruppert a vendu son raisin aux coopératives locales, celles de l’Aube. Sa fille Bénédicte l’aide alors à la tâche de viticulteur, elle deviendra vigneronne.
D’un demi-hectare dans les années 1970 à 5 hectares dans les années 2000, on retient surtout que Gérard Ruppert décide de conduire sa vigne selon les principes de la culture biologique à partir des années 1980. Les certifications n’existent pas alors, le bio fait sourire, c’est une comète qui se perd dans l’espace du systémique. Bénédicte Ruppert et son mari Emmanuel Leroy hériteront de parcelles immaculées quand le bio deviendra médiatique…
La situation géographique d’Essoye où est installée la famille aurait pu faire de cette bourgade un cru Bourguignon, elle sera champenoise. Naîtra le champagne Ruppert-Leroy.
Les cépages de la famille Ruppert étaient bio, les vins de la famille Ruppert-Leroy seront biody.
Le jeune couple se tourne vers des convertis locaux et plus éloignés en France, pour mieux comprendre, pour mieux apprendre, pour trouver sa propre voie.
Quelques adaptations, quelques développements de cuveries plus tard, Cognaux, Martin-Fontaine et Fosse-Grely voient le jour.
Non, ce ne sont pas des joueurs de foot, ce sont des noms de parcelles. Elles donneront 3 champagnes établis sans dosage, 3 champagnes Nature, voire naturels puisque sans addition ou presque de SO2, du pressoir à l’embouteillage.
Depuis une dizaine d’années, on assiste à la création de nouveaux noms de champagnes, issus de récoltants souvent Aubois qui, autrefois, vendaient leurs raisins aux coopératives ou aux maisons marnaises. Consciente de la mondialisation des marchés, plus soucieuse de son environnement et promue par un nouveau véhicule qu’on appelle internet, ces nouvelles générations participent à la diversité de l’offre champenoise.
Ni meilleures, ni plus médiocres que les cuvées établies depuis longtemps, ces nouvelles étiquettes démontrent que la Champagne viticole ne se résume pas à des bulles dans du vin, mais qu’elle a finalement autant de complexité que sa voisine Bourguignonne.
Commentaire de la cuvée Saignée de Cognaux – Brut Nature Rosé – Champagne Ruppert-Leroy
Nez très frais, très naturel de fraises et de cerises qu’on retrouve dès l’attaque en bouche dans une texture aérienne, plus oxygénée que pleine, toutefois gourmande grâce à une maturité du fruité très expressive qui justifie le positionnement Nature du vin. La signature locale est perceptible à travers la vinosité, la tension champenoise est en retrait, on déguste davantage une fraîcheur de fruit que de terroir. Peu complexe dans le comportement, quelques mois sur lattes auraient pu doter ce vin d’un rancio plus typé. On déguste un champagne à l’allure adolescente, fougueux, solide, à l’énergie contagieuse qui donne envie d’en reprendre. Un nom à surveiller finalement…
Champagne Ruppert-Leroy
La Bergerie
10360 Essoyes
Téléphone : 03 25 29 81 31