Champagne Deutz: Amour de Deutz 2003
Discret au nez, on y décèle des arômes de pâtisseries peu beurrées aux fruits blancs. L’attaque est vive, intense, fraîche, axée sur un fruité de raisins blancs acidulés, aussitôt arrondi par l’effervescence compacte et riche, qu’illustrent des bulles d’une extrême finesse. C’est un champagne très pur, encore jeune, toutefois moins tendu et plus gourmand que les millésimes précédents de la même cuvée. Elle devrait arriver rapidement à maturité (2017). On pourra aujourd’hui la déguster sur des huîtres au caractère plus iodé que gras ou sur un fromage de chèvre légèrement crayeux. C’est un grand vin blanc qu’on peut aisément comparer aux grands bourgognes de la Côte d’Or.
Deutz en quelques mots…
La maison est fondée en 1838, à Aÿ, par William Deutz et Pierre-Hubert Geldermann, deux commerçants immigrants venus d’Allemagne. Pierre-Hubert Geldermann avait épousé quelques années plus tôt la fille d’un boulanger, Clarisse Paul, et William Deutz celle d’un percepteur, Caroline-Adrienne-Arsène d’Arragon, qui lui avait donné 6 hectares de vignes familiales à Pierry. Leurs fils respectifs, René Deutz et Alfred Geldermann héritent de la maison dans la deuxième moitié du XIXème siècle et développent le marché étranger, notamment celui Grande Bretagne, d’Allemagne et de Russie. Les liens sont d’autant plus solides que les deux associés sont beaux-frères puisque qu’Alfred avait épousé Marie, la soeur de René.
En 1906, leurs gendres, René Lallier et Charles Van Cassel héritent de la direction de la maison qui souffre d’approvisionnement en raisins (phylloxéra). C’est une période difficile, les bâtiments Deutz sont dévastés lors des émeutes des vignerons en 1911, La Grande Guerre freine la production et la crise de 1929 ralentit l’économie. La marque Deutz s’endort…
Jean Lallier, fils de René, prend la direction de la maison en 1938; deux ans plus tard, les allemands se servent, mais le vignoble et les infrastructures sont épargnés. Les années 1950 sonnent le renouveau, Deutz est une maison très modeste qui n’atteint pas le million de bouteilles en production, toutefois la qualité de ces dernières les place déjà sur les meilleures tables.
Le fils de Jean Lallier, André, prend la présidence en 1972. Deutz est une belle maison, surtout connue des professionnels et des amateurs, les contrats avec les vignerons sur les meilleurs crus sont solides, mais quelques erreurs en matière de contrôle de qualité, puis de stratégie de marchés entachent la marque à la fin des années 1980. Elle entre dans le groupe Roederer en 1993, la famille Rouzaud place à sa tête Fabrice Rosset. 20 ans plus tard, Deutz est redevenu le joyau d’Aÿ au "presque" 2 millions de bouteilles.