Une quinzaine de vignobles ont été créés au Québec depuis 10 ans, encouragés à la fois par le monopole qui a ouvert ses portes à leurs vins et à une meilleure connaissance des enjeux de la viticulture locale, entraînant de ce fait moins de soucis agricoles et commerciaux. Bref, sortent des vins tricolores et mousseux plus aboutis, malgré de jeunes millésimes. Le Fief de la Rivière à Bécancour – à 10 minutes en voiture de l’incontournable rue des Forges de Trois Rivières – appartient à Jocelyn Hébert, médecin de profession qui, avec sa femme et son frère, ont décidé de se lancer dans l’aventure de la treille en 2008. Un autre projet de retraite bien occupée…
Commentaire des cuvées Globul du Fief de la Rivière :
Globul blanc B (assemblage de muscat, adalmina et swenson) / 16 $ :
Vin aussi simple et aussi attrayant que son tarif (16 $) qui, malgré l’absence d’élevage sous bois, présente un petit caractère fumé derrière des accents classiques de salade de fruits blancs, sans les accents mielleux habituellement observés dans ce type d’assemblage.
Pas de maquillage, juste assez rond et tendu pour un fromage de chèvre ou une pizza au saumon. Mon préféré de la gamme, car il restitue bien les caractéristiques des cépages employés.
Globul blanc B+ (assemblage de frontenac blanc et de swenson) / 18 $ :
Pratiquement 100 % de frontenac blanc ayant séjourné en fût et c’est sans doute cela qui plaît aux consommateur puisqu’il s’agit du vin du domaine le plus populaire : les arômes rappellent le pop-corn beurré, voire le balsa, d’où ma pondération au sujet de l’élevage appuyé.
Je pense que quelques semaines de futaille en moins apporteraient davantage de fraîcheur sans atténuer la rondeur de la texture de ce vin. Le fruité blanc et une certaine acidité de jeunesse en finale de dégustation perdureraient également au lieu d’être gommées par le bois. Les tonneaux n’ont pas juste servi à aérer le vin, ils l’ont marqué; certes, en le rendant sûrement endurant, mais en atténuant paradoxalement son potentiel de garde prolongée.
On perçoit la recherche et les essais d’élevage différents, ce qui est logique étant donné l’âge des vignes. Ils devraient aboutir après quelques années à une vraie signature.
Il sera très intéressant dans 10 ans de comparer le même millésime du Globul B et du Globul B+. Et quelque chose me dit que le Globul B surprendra agréablement…
Globul rouge A+ 2016 / 18 $
Les notes sont herbacées au premier nez et je pense davantage que cela est dû à la jeunesse des vignes plutôt qu’à l’emploi de fûts et à leur rotation. Les arômes de cerises, puis de fraises sont nets, toutefois fugaces.
La finale "poivronne" un peu, il n’y a pas eu la volonté de faire paraître le vin plus mûr en le sucrant, c’est là sa qualité, car il reste sec; un caractère assez rare dans les vins rouges de la province…. À 16 $ au domaine, l’essai est concluant et devrait être agréable avec quelques saucisses de porc grillées en barbecue.
Globul Réserve 2017 (assemblage de marquette et de petite perle) / 20 $
Moins herbacé que le Globul A+, plus riche dans le fruité tout en ayant le même caractère facile à boire. L’oxygénation par l’élevage a été concluant, il a rendu la texture ronde, maintenu les arômes de fruits noirs tout en développant quelques accents brûlés (tison de bois) qu’on perçoit en finale de dégustation.
On déguste un vin rouge plus souple que gras qui devrait évoluer avec le temps, sur les prochains millésimes, vers un boisé plus délicat et une ampleur plus affirmée.
Beau potentiel dans tous les cas. Le rôti de boeuf du dimanche a trouvé sa bouteille…
Globul / Vin d’hiver 2016 / vin de glace rouge / 28 $ pour 200 ml / 192 gr/sucre
On est dans le sucré, donc forcément, ça plaît. Les diabétiques s’abstiendront…Pruneaux, chocolat noir et notes de torréfaction se laissent facilement saisir au nez et déguster juste après.
La texture est soyeuse, un peu lourde à mon avis, la vinosité étant gommée par le fruité noir intense, mais en l’associant à un morceau de fromage bleu, le charme agira, croyez-moi.
Bon appétit !