Comme on boit davantage de rouge que de blanc au Québec depuis 10 ans, les vignobles québécois qui ont émergé après 2005, se sont tous lancés dans l’élaboration d’un vin rouge, même si – c’est mon opinion – le vin blanc québécois est globalement bien meilleur que le rouge. Certains vignobles ont même attendu 8 ans avant de s’y mettre, au blanc ! Comme le Vignoble d’Oka. Bref, quand j’ai entendu dire qu’enfin, il en faisait, en sachant que ses rouges étaient convenables, j’ai demandé à déguster…
Commentaire de la cuvée Blanc – Troisième vendange – Vignoble d’Oka :
Ce vin blanc est un vin nouveau ! C’est à dire que les cépages St Pépin et Frontenac gris qui le composent, étaient encore sur leurs pieds de vignes il y 4 mois.
La famille Levac qui le vinifie a décidé de le mettre en bouteille dernièrement "parce qu’on a eu une vendange exceptionnelle au niveau de la maturité. On n’a jamais vu cela au Québec. Les taux de sucre étaient élevés. La récolte a été très petite, étant donné les pertes dues au dernier hiver qui a tué 40 % du vignoble, mais on a eu un moût concentré d’une qualité qu’on n’avait jamais vue."
D’où l’idée de faire un "Vino Novello blanc", comme la plupart des vignobles européens faisaient autrefois.
Je vais être honnête : lorsque j’ai ouvert la bouteille, je m’attendais d’abord à une bonne dose de gaz carbonique. Il n’y en avait pas (ou plus). Puis, je me suis dit, ça va sentir le miel à l’excès, les petits pois ou des notes foxées, comme souvent avec les blancs québécois dans leur jeunesse. Il n’y en avait pas.
Des arômes de planches ? Oui. Ils sont nets. Ce n’est pas la cour à bois de Rona, toutefois, on sent la crainte du vigneron qui s’est dit "faudrait quand même mettre un peu de bois, sinon ça va être agressif. Faut l’arrondir".
Une réflexion prudente qu’ont tous les vignerons locaux, quoiqu’ils en disent…
Je téléphone à la famille Levac :
"Il n’y a vraiment que du St Pépin et du Frontenac gris dans votre lot de 800 bouteilles de blanc ?"
"Rien d’autre, juré. On n’a même pas chaptalisé."
Bref, on sent la sciure de bois qui peut-être, couvre un peu trop la vinosité, puis freine la longueur en bouche, mais les arômes sont nets, frais et le mieux, est qu’on n’a pas les notes dérangeantes dont je parle plus haut.
On est sur du thé noir, du poivrons jaunes (forcément) et, curieusement, un côté malté original. J’ai aimé cette 3ème vendange en blanc (le première et la deuxième avaient été mutées), car elle annonce des millésimes encore plus soignés où sans doute, le coté boisé s’effacera au profit du fruité blanc.
La texture est souple, le volume appréciable, l’ensemble est sec, vraiment sec.
C’est un vin blanc qu’on pourrait facilement comparer à ceux d’Europe du Nord (Angleterre, Belgique, Pays-Bas, Allemagne).
En tous cas, c’est le premier 2018 qu’on peut déguster en 2018 et rien que pour cela, il vaut le coup !