Je ne reviens pas sur l’engouement des vins mousseux chez les vignerons du Québec, il est bien là et la production de bulles locales qui a triplé en une décennie le démontre. Le château Taillefer-Lafon est l’un des acteurs majeurs de la province et depuis 15 ans, sa production s’est diversifiée, qu’elle soit à base de pommes ou de raisins. Les produits ne sont pas disponibles à la SAQ, on peut les découvrir sur place et jouir du domaine, aussi saisissant que ses étiquettes de vins effervescents.
Il y a 5 ans déjà, je mentionnais dans un article, la bonne tenue du Rosé Brut de ce domaine. Il y a 5 ans également, je déplorais le choix sur l’étiquette de la mention Méthode Champenoise pour signifier la seconde fermentation en bouteille, employée dans l’élaboration de ce vin.
Forcément, je réitère ici mon propos en étant davantage désabusé sur la façon de valoriser le vin pétillant puisque le même domaine offre un cidre pétillant, au demeurant excellent, qui affiche lui, la légitime et sincère mention Méthode Traditionnelle pour signifier également la seconde fermentation en bouteille, employée dans l’élaboration…
Donc, quand Taillefer-Lafon fait du cidre, c’est en méthode traditionnelle et quand Taillefer-Lafon fait du vin, c’est en méthode champenoise !
Je comprends d’autant moins cette obstination d’abus que les propriétaires du domaine s’enorgueillissent d’être les premiers au Québec à pouvoir afficher le terme Château en se comparant aux grandes exploitations européennes.
Quitte à flirter avec les références viniques et à viser les sommets de la respectabilité, pourquoi ne pas le faire sans cynisme ?.
Deux poids, deux mesures…
La notion de terroir commençant aussi par la notion de respect des appellations et de leurs règlements, le Québec viticole sera internationalement crédible le jour où tous ses représentants s’entendront de façon démocratique au sujet d’une éthique de travail et d’image à tenir.
En 2018, le Québec viticole n’est donc toujours pas crédible, même si de plus en plus de produits sont bons, comme le mousseux blanc du Château Taillefer-Lafon.
Commentaire de la cuvée Brut (blanc) :
Comme la plupart des mousseux du Québec, ce sont des arômes de pommes brunes (vidal) qui dominent nettement ceux de musc, de lavande aussi, après un certain temps dans le verre (vandal-cliche).
L’effervescence est réussie, les bulles sont menues et perdurantes, elles construisent une agréable chair qui tourne en bouche; la sensation est agréable.
Si l’attaque apparaît quelque peu sucrée, une légère amertume vient contrer celle-ci en cours de dégustation et la finale se montre fraîche, sans lourdeur.
Le dosage semble avoir été baissé comparativement aux précédentes cuvées testées. Si tel est le cas, il est réussi.
Ce Brut ne présente par contre aucune saveur du temps sur lattes, aucune note biscuitée ou beurrée; la complexité aromatique est absente, elle cède la place aux notes fruitées des vins blancs qu’on boit jeune, sitôt leur commercialisation.
C’est donc un bon mousseux dans une gamme de prix intéressante sur le marché des bulles locales.