Revenu d’une tournée en Afrique du Sud, j’ai pu tester une vingtaine de marques locales qui élaborent des MCC (Méthode Cap Classique), l’appellation officielle de la méthode traditionnelle, de plus plus en plus populaire localement. Certaines maisons se détachent nettement du lot, toutefois, la majorité de leurs cuvées restent citriques, axées sur un fruité blanc ou jaune, souvent mono-aromatique. Cela s’explique par l’absence presque systématique de vins de réserve ou d’un élevage sur lattes trop court. Dans les deux cas, le vin manque de profondeur, de gras et de longueur. Le Lude se détache de ses concurrents parce que justement, ces deux paramètres d’importance dans la construction d’un bon mousseux, sont étudiés…
Villiera, Krone, Kleine Zalze, Weltevrede, Simonsig, Graham Beck, L’Avenir, Boschendal, etc… Ces marques sont devenues aujourd’hui des incontournables en matière de bulles sud-africaines, toutefois, Le Lude est un cran au-dessus de celles-ci actuellement, tant au niveau des saveurs que du comportement de l’effervescence.
C’est pendant, mais en dehors des épreuves du concours Michelangelo Award 2017 qui a eu lieu dernièrement à Stellenbosch, que j’ai demandé à des collègues sud-africains de m’organiser une dégustation à l’aveugle d’une sélection de qualité de MCC (Méthode Cap Classique).
J’ai ainsi pu tester une vingtaine de marques et que ce soit en Brut blanc ou en Brut rosé, millésimé ou non, j’ai cru qu’une cuvée piège de champagne avait été glissée dans le lot, puisque par deux fois, les vins de Le Lude ont été perçus comme tel : non par des notes salines ou minérales, mais par un caractère subtilement brioché, sans rancio d’évolution, sans la lourdeur beurrée qu’on trouve sur des mousseux du nouveau monde, certes bien élaborés, cependant souvent sans complexité.
Sur le Blanc Brut comme sur le Rosé Brut de Le Lude, l’effet pâtissier conjugué à la finesse des bulles persistantes – deux paramètres apportés par le temps sur lattes – est juste assez présent, en parfaite harmonie avec l’enveloppe fraîche et pointue.
La cuvée Rosé offre des accents de mandarines et de pamplemousses roses, entremêlés de quelques amers qui signent les bons mousseux, tandis que l’autre cuvée propose des notes de nougat et de panna cotta.
Dans les deux cas, la construction du vin apparaît solide et endurante, permettant un certain temps de garde dans le cellier, après achat.
La plupart des autres cuvées testées étaient bien construites, toutefois, elles avaient un caractère mordant à l’attaque et une consistance trop frêle pour apporter une longueur estimable en dégustation.
Seules les cuvées Le Lude avaient une texture enveloppante, digne d’excellentes bulles Marnaises…