Ils n’ont pas d’appellation sinon celle de leur élaboration : la méthode traditionnelle. Le vin blanc ou rosé de base peut venir du bout du monde. La durée d’élevage sur lattes est d’au moins 24 mois selon les lots. Les cuvées sont millésimées. Et enfin, tout se fait au centre-ville de Montréal ! Les puristes vont sans doute ruer dans les brancards et pourtant, l’essentiel est atteint : c’est bon !

Je vais être sincère. 
Lorsque j’ai été invité à visiter les entrepôts de Hall & Marciniak situés au coeur de Montréal, pour y déguster du vin fait sur place, je me suis dit : "voilà que la génération Y pense refaire la planète-vin en élaborant des bulles en ville… En ville !"

Je n’y suis pas allé à reculons ou avec une attitude condescendante, non. 
Mais amusé et quand même intrigué par la démarche. 
Car, ce ne sont pas des vignes qui poussent autour de la cuverie rutilante, ce sont des buildings, du ciment, de la brique et du goudron ! 
On est à 5 minutes du Centre Bell !
Donc me voici en présence des deux hommes d’affaires, Zaché Hall et Matthieu Marciniak, à qui je demande une dégustation à l’aveugle (surtout) de leur création vinique. 
Je ne veux même pas savoir d’où vient le vin, quels sont les cépages et le millésime; je sais seulement, au moment de déguster, que je suis en présence de deux vins blancs et d’un vin rosé effervescents, élaborés selon la méthode traditionnelle, c’est tout.

Les pupitres sont à 20 pieds de moi dans l’entrepôt réfrigéré qui fait office de chai, mitoyen de la salle de dégustation où je me trouve. La production n’est pas encore assez étoffée pour tourner en gyropalette, les pupitres sont donc bien alignés.

Pour le premier blanc, je suis agréablement surpris par l’équilibre en bouche. L’attaque est franche, non agressive, elle rappelle la poire, la meringue et un tantinet la lime au niveau aromatique. L’effervescence en bouche est aérienne, légère, les bulles sont menues, très détachées, elles finissent rapidement leur course vers une finale au fruité blanc net. L’ensemble n’est pas complexe, ni riche, on est en présence d’un bon vin effervescent qui, peut-être, aurait gagné en profondeur avec un temps sur lattes plus élevé ou davantage de vins de réserve. 
On me dit qu’il s’agit du millésime 2013, que c’est du chardonnay ontarien à 90 %, étiqueté en Extra-Brut, car dosé à moins de 4 grammes de sucre. Il me rappelle des cavas sans la touche d’hydrocarbure de certains…

Je passe au second. Un autre blanc au dosage identique, issu du millésime 2014, à base de chardonnay également, provenant d’un domaine Ontarien différent (c’est ce que m’apprendront les vinificateurs dix minutes plus tard).
Et là, ô surprise, on est ailleurs… C’est à dire dans la matière et les saveurs. Il est bien meilleur que le premier, cela ne fait aucun doute. Pas de rancio dans les parfums, mais subtilement toasté et avec davantage de mâche qui se laisse apprécier dans une agréable finale pâtissière où l’arôme de miel se laisse capter, même si l’ensemble reste sur la légèreté de l’effervescence et la délicatesse des arômes. 
Ce 2014 rappelle certains crémants où le chardonnay s’exprime pleinement. Le vin de base est meilleur que le 2013. Il est soigné, impeccablement conduit, tout simplement bon.

Y’a t-il un bémol jusque là, alors que je vais passer au rosé ? Non, pas vraiment. Peut-être le tarif qu’on me donne : 30 $.

C’est évidemment moins cher qu’un champagne ou un franciacorta, mais c’est plus dispendieux que certains crémants ou certains cavas qui pourraient se montrer plus consistants. Ces derniers ont le volume pour offrir des tarifs plus attrayants. 
Cependant, les "Brut" Hall & Marciniak sont finalement très plaisants pour le prix affiché. Ils sont à leur place sur le marché et sont à considérer comme des bulles de belle facture dans tous les sens du terme.

On passe au rosé ?
Meilleur que le 2013 blanc Extra-Brut grâce à quelques amers bien présents apportés par les minces tanins des cépages rouges employés, toutefois aussi léger dans la structure. J’aurais aimé un rosé plus imposant avec une finale conquérante.

Je suis tout de même conquis par le travail élaboré, car on sent le potentiel de qualité. 
Il reste à présent à Hall & Marciniak à sélectionner des vins de base conséquents, car selon moi, la seconde fermentation est maîtrisée. Le choix du moût sera déterminant à l’avenir pour créer des bulles au style constant et signé.

N’hésitez pas à essayer ces mousseux Made in Downton : 

la distribution de ces vins effervescents se fait via les importations privées de la SAQ. 
Pour toutes commandes, vous pouvez envoyer vos coordonnées complètes à l’adresse marciniak@halletmarciniak.com ou bien appeler le 514 797-5095. 
Les ventes se font uniquement par caisses de 6 bouteilles, elles pourront vous être livrées directement dans une SAQ près de chez vous!

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