J’écrivais il y a quelques semaines que le Québec viticole est capable du pire comme du meilleur en matière d’élaboration de vin pétillant. J’ai reçu dernièrement un vin mousseux de bleuets ! Encore un, me suis-dit… Encore un énième ersatz de mousseux qui veut chanter la Belle Province ! Mais mon métier, c’est de tester les liquides fermentés qu’on rend naturellement ou artificiellement effervescents. Alors, j’ai fait mon métier…


Commentaire du Bleu d’origine 2015 – Vin de bleuets sauvages mousseux – Domaine L’Orée des Bois – Québec :

Ça sent les bleuets. Forcément. 
Ça sent aussi le poivre noir. Ce qui est déjà un indice de sérieuse élaboration.

Après ?
C’est tout.

Quoique non, car après quelques minutes dans le verre, on perçoit une certaine vinosité. Les ferments ont développé un côté épicé qui se fait plus insistant et plus riche (muscade, clou).
Comme la plupart des vins effervescents élaborés avec autre chose que du raisin, ce mousseux exacerbe en fait son fruit, c’est à dire le bleuet.

Je vais être honnête, je m’attendais encore à déguster des bulles seulement sucrées avec une âcreté trop dérangeante en finale, des levures odoriférantes marquées ou une acidité agressive qui tourne en bouche, comme sur la grande majorité des produits artisanaux de ce type, élaborés dans la belle province.

Mais là, je dois l’avouer. C’est bon. Un peu âcre puisque on est dans une trame tannique évidente, mais ça se boit agréablement. 
Sans génuflexion. 
On déguste du bleuet frais et net, au fruité bien conservé. 

Bref, c’est un mousseux rougeoyant aux bulles bien maîtrisées, à la texture suave et enveloppante, et au sucre bien intégré, avec quelques notes d’amers nécessaires pour donner du corps et de la vinosité.
Pour un premier jet – puisqu’il s’agit d’une première récolte – c’est une réussite qui, j’en suis sûr, va s’affiner sur les prochains millésimes…

Produit anecdotique et rare, on l’essaiera plutôt au dessert, mais attention, pas sur une tarte aux bleuets parce "qu’on peut pousser, mais poussons égal"… 

Je préconise plutôt une pâtisserie chocolatée, car l’amertume du cacao saura compléter avantageusement la signature bleutée du Lac St-Jean.

Une peu dispendieux me direz-vous ? Certes. 
C’est parce que le bleuet l’est davantage au kilo, que le raisin !

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