Depuis 1983, les mentions de durée de vieillissement du Cognac n’avaient pas bougé. Hors, parmi elles, dont la plupart perdent encore le consommateur, les deux mentions les plus populaires, XO et Napoléon, ne présentaient aucune différence en la matière. Seuls le flacon et son habillage, la marque et bien sûr, le tarif, pouvaient les distinguer. La cohérence était souvent absente. La voici retrouvée !

Selon les catégories de 1983, un cognac XO devait présenter un assemblage dont la plus jeune eau-de-vie avait au moins six ans. Or, un cognac Napoléon respectait la même exigence.

Désormais, la distinction sera nette et précise : un XO présentera un assemblage  dont la plus jeune eau-de-vie aura 10 ans et un Napoléon présentera un assemblage dont la plus jeune eau-de-vie aura 6 ans.
Cette évolution nécessaire a sans doute été provoquée par la prépondérance de Moët-Hennessy, locomotive de l’appellation…

Le cas Hennessy XXO :

En 2017, Hennessy a commercialisé un XXO hors d’âge, un cognac âgé d’au moins 14 ans dans son assemblage : un pavé dans la mare administrative qui a aussitôt provoqué une injonction contre sa commercialisation, au motif, certes logique, que la mention XXO dérouterait le consommateur et surtout, qu’elle n’était pas officielle. 

Selon L’Agence France Presse (AFP), Hennessy et d’autres producteurs de cognac ont fait pression sur l’INAO, soutenu par le BNIC, pour permettre la vente de ce XXO (Vendu 600 euros en Asie). Toutefois, il fallait que cette mention soit officiellement reconnue. 
Une reconnaissance qui a été validée par le BNIC, un gardien du temple qui, après un long sommeil, a eu un réveil assez diligent…

PETIT RAPPEL SUR LE COGNAC :

L’Appellation « Cognac » ou « eau-de-vie de Cognac » ou « Eau-de-vie des Charentes » doit obligatoirement figurer sur l’étiquette.

Le nom « Cognac » peut être employé sans les mots « appellation contrôlée » dans la mesure où il n’est associé à aucune dénomination géographique complémentaire.

Les eaux-de-vie d’Appellation d’Origine Contrôlée d’origine viticole peuvent être accompagnées du mot « Fine ». Cette mention est facultative. 

Le Cognac est traditionnellement le fruit de l’assemblage d’eaux-de-vie d’âge et de crus différents, mais ce n’est pas obligatoire. 

Si un cru est mentionné sur l’étiquette, cela signifie que 100 % des eaux-de-vie qui constituent l’assemblage proviennent de ce cru. 
Par ex : « Appellation Cognac Petite Champagne contrôlée » 

Pour l’« Appellation Cognac Fine Champagne Contrôlée » : Eaux-de-vie issues exclusivement de Grande Champagne (minimum 50%) et Petite Champagne.

Un Cognac prêt à être consommé ne peut être commercialisé sans avoir vieilli pendant au moins deux ans, comptés à partir du 1er avril de l’année suivant la vendange. 

Le vieillissement des eaux-de-vie de Cognac est réalisé sans interruption, exclusivement sous bois de chêne. Le Cognac conserve toute sa vie l’âge qu’il avait lors de sa mise en bouteille, car, contrairement au vin, l’alcool n’évolue plus sous verre. 

LES MENTIONS DE VIEILLISSEMENT :

Les mentions de vieillissement donnent une indication sur l’âge de l’eau-de-vie la plus jeune entrant dans un assemblage. 
L’âge correspond au nombre d’années de vieillissement, sous bois de chêne exclusivement, comptées à partir du 1er avril suivant l’année de la vendange. 

au moins 2 ans : « *** »,  « Sélection », « VS », « De Luxe » et « Very Special », et « Millésime »
au moins 3 ans « Supérieur », « Cuvée Supérieure », « Qualité Supérieure »
au moins 4 ans : « V.S.O.P. », « Réserve », « Vieux », « Rare » et « Royal »
au moins 5 ans : « Vieille Réserve », « Réserve Rare » et « Réserve Royale »
au moins 6 ans : « Napoléon », « Très Vieille Réserve », « Très Vieux », «Héritage », « Très Rare », « Excellence » et « Suprême »
au moins 10 ans* : « XO », « Hors d’âge », « Extra », « Ancestral », « Ancêtre », « Or », « Gold », et « Impérial »

* Jusqu’au 1er avril 2018, les eaux-de-vie de Cognac « XO », « Hors d’âge », « Extra », « Ancestral »,« Ancêtre », « Or », « Gold » et « Impérial » ont été prélevées sur le compte 6 concernant les eaux-de-vie ayant plus de 6 ans de vieillissement.

ET LA NOTION DE MILLÉSIME ?

Le Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC) avait décidé en 1962 d’interdire la commercialisation de cognac millésimé, en raison notamment de fraude sur les origines de vendanges, invérifiables. Levée en 1989, cette interdiction n’a finalement pas entraîné autant de création de cognac issu d’une seule année.

En effet, la déclaration d’un millésime est sujet à plusieurs vérifications qui coûtent très cher. Les barriques et les tonneaux millésimés doivent être scellés et répertoriés en présence d’un représentant assermenté, l’année de production. Le même représentant assermenté doit se présenter au cours de la durée du vieillissement si l’on procède à un inventaire ou lors d’une prise d’échantillon, d’un transfert ou d’une mise en bouteilles. 
Ce sont des paramètres particulièrement lourds au niveau administratif et surtout dispendieux, qu’il faut évaluer lorsqu’on se lance dans la conception d’un millésime. Ils devront être répercutés sur le tarif final de vente du cognac, d’autant plus délicat à promouvoir que cette notion d’une seule vendange n’est pas intrinsèque à l’appellation.

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