Les réseaux sociaux sont les meilleurs supports médiatiques pour analyser le comportement du consommateur et du lecteur contemporain. Et quel que soit le sujet abordé, on s’aperçoit que les articles les plus lus sont les articles les plus courts; les articles qu’on lit en 30 secondes. Logique me direz-vous. La forme et le sensationnalisme prévalent au fond et à la réflexion. Dans notre société de consommation compulsive où l’on prend pour aussitôt jeter, il semble dès lors paradoxal que le vin et ses attraits attirent de plus en plus d’amateurs. Car dans le fond, s’il y a bien un domaine qui nécessite du temps pour apprécier et pour mieux comprendre, n’est-ce pas celui du vin ? Pourtant, tout est devenu kleenex, même dans l’univers du vin…
Depuis les dégustations journalistiques personnalisées jusqu’aux grands salons viniques en passant par les lunchs avec vigneron, tout est devenu kleenex.
Il faut aller vite, il faut déguster rapidement, il faut multiplier les verres, il faut tout goûter !
Dans les grandes cérémonies commerciales et publiques où le verre de dégustation est offert à l’entrée, je peux comprendre ce comportement avide du visiteur profane (ou avisé) à qui ont offre des centaines de vins différents.
Son excitation additionnée aux sollicitations des agents commerciaux lui font tourner la tête rapidement et les tests de vins la lui font perdre, parfois…
Toutefois, même lorsqu’une verticale de vin est offerte – pourtant coûteuse et délicate à monter – le temps ne s’arrête pas, il continue de courir.
Et dieu sait que s’il y a bien des vins à accueillir posément, c’est bien ceux qui ont été enfermés longtemps dans leur parois de verre.
Mais l’époque est à la consommation compulsive; même avec le vin, produit qui pourtant, demande peut-être plus d’attention qu’un autre.
Ce comportement frénétique pourrait-il changer ?
Je ne le pense pas parce que le vin, c’est une religion.
Et quelle que soit la nature théiste de cette dernière, elles sont toutes altérées.
Il y a de plus en plus de salons des vins, plus ou moins pertinents, plus ou moins structurés, plus ou moins orientés.
Cependant, il y en a de trop.
Il y a de plus en plus d’offres et la méthode pour le faire savoir est de plus en plus envahissante et répétitive parce que désormais, elle se fait à travers les réseaux sociaux.
Les grandes messes d’autrefois sont moins achalandées.
On y retourne pour les soirées avec les vignerons, pour la poignée de main amicale serrée devant la table de dégustation, pour la photo souvenir, mais pas forcément pour le vin parce qu’on l’a déjà dégusté au cours de l’année; dans une autre assemblée.
Ce sont vraiment des messes : elles se répètent, on y va par habitude, mais sans réelle foi et l’on pense surtout au coup qu’on va prendre tous ensemble, après.
Les salons des vins sont devenus nos églises.