Mon opinion sur le passage en carafe d’un champagne ou d’un mousseux est plutôt catégorique : c’est un geste purement esthétique et inutile au regard de la nature seule du produit.
Tout d’abord, le verbe « carafer » n’existe pas; du moins, pas encore. Le terme « carafe » vient de l’italien caraffa, qui lui-même viendrait d’un dialecte arabe dans lequel garafa signifiait « verser à la louche ».
On passe en carafe pour aérer le vin et l’on décante un vin lorsqu’on veut éliminer les sédiments qu’il peut contenir.
Je ne vois pas l’intérêt de verser du champagne dans une carafe, d’autant moins lorsqu’on me tend l’argument que cela permet de l’aérer, de le rendre moins gazeux et plus digeste !
Les chefs de cave mettent quinze mois à trois ans (bien plus pour certaines cuvées) à élaborer leur vin afin que des bulles naissent naturellement dans le vin. Si un consommateur désire une carafe pour atténuer le gaz, retirer des bulles pour mieux digérer, qu’il boive un vin tranquille, il aura davantage de plaisir !
Et si la carafe est un argument visant à réduire la sucrosité des cuvées demi-sec à doux, offrez-vous plutôt un vin blanc demi-sec ou moelleux !
La carafe est, selon moi, un argument de vente et de marketing créé par les responsables commerciaux des marques – qui la conseillent -, et je ne pense pas que les chefs de cave de ces marques appuient cette démarche, car elle est méprisante envers leur travail.
Au demeurant, si un vin présente effectivement une effervescence excessive, la carafe peut être une option, même si je pense que le seul fait d’attendre cinq minutes, une fois le vin versé dans le verre, sera aussi efficace que l’oxygénation de l’esthétique carafe.
Cette opinion est également valable pour les champagnes âgés qu’on veut aérer : un verre bien adapté se révèle le contenant le plus sûr.
Seuls certains Blanc de Blancs non dosé, très rares, et citriques en jeunesse, profiteront du passage en carafe.