Un pétillant naturel, un "Pet Nat" comme on dit désormais, est en fait un vin effervescent issu de la méthode ancestrale; c’est à dire la méthode la plus ancienne pour élaborer des bulles viniques dans un flacon. Donc, rien de bien nouveau. Sauf que depuis une très courte décennie, 2 vins sont devenus à la mode au sein d’une minorité sommelière, plus suffisante qu’attrayante : le Pet Nat et le Vin Orange. Ce dernier pouvant être aussi élaboré comme le premier. Et j’en ai ras-le-bol ! Ras-le-bol d’entendre des inepties au sujet du Pet Nat parce qu’il n’y a pas un seul salon des vins, ni un seul bar à vins qui ne présente pas actuellement un Pet Nat sans le hisser au firmament de la qualité vinique en matière de bulles !
80 % des Pet Nat que j’ai dégustés depuis un an étaient tout simplement de mauvais vins, des vins qui n’apportaient ni plaisir, ni intérêt, sinon celui d’y déceler des arômes désagréables ou inappropriés. Inappropriés à ce qu’on est en droit d’attendre d’un vin, quel qu’il soit.
J’ai même dû répondre à un sommelier – c’est à dire que mon agacement, mêlé sans doute de prétention, m’a poussé à lui affirmer – que si vraiment, il trouvait si excellent le Pet Nat qu’il m’avait servi, c’est qu’il n’avait jamais dû déguster un bon vin effervescent de sa vie, qu’il soit élaboré en méthode traditionnelle, charmat ou ancestrale !
Mais d’où vient cette subite lubie du Pet Nat ?
Alors que la contagion des Extra-Brut se poursuit, la snobmellerie nous inflige à présent le Pet Nat !
Je m’adresse donc ici à celles et ceux qui sont diplômés en sommellerie, qui exercent en restauration ou en agences de représentation de vins. Et même si j’en entends certains crier à la ringardise face à ce ras-le-bol (qui n’est pas que le mien), une question me brûle :
vous ennuyez-vous vraiment dans votre profession ? Trouvez-vous vraiment qu’il y a un tel manque de diversité sur la planète-vin qu’il faille vanter à l’excès un vin blanc, souvent trouble, aux perles carboniques fugaces et au fruité collant ou occulté par des notes de levures ?
Je ne peux pas y croire. C’est de l’hypocrisie. Ou de l’incompétence.
D’ailleurs, en interrogeant les vignerons qui élaborent ces Pet Nat, aucun d’entre eux ne se prend au sérieux.
Aucun d’entre eux n’érige son Pet Nat au sommet de sa gamme.
Ils le conçoivent simplement.
C’est à dire dans l’amusement, dans un plaisir presque égoïste qu’ils reconnaissent. D’abord pour eux-même et leur entourage. Ensuite pour quelques acheteurs éclairés par eux, sans fanfaronnerie…
Leur Pet Nat est un jeu, parfois superficiel et souvent éphémère, puisqu’ils ne le répètent pas d’ailleurs, à chaque millésime. Et le faible nombre de bouteilles élaborées indique justement leur humilité.
N’est-ce donc pas cette dernière qui devrait être véhiculée, plutôt que les commentaires bavards que j’entends dans les dégustations où se loge un Pet Nat, voire dans la vente insistante en restaurant auprès du client naïf, étourdi par trois mots savants du sommelier.
Qu’on ne se méprenne pas.
Je ne rejette pas les Pet Nat. J’en achète évidemment. Car Il y en a d’excellents.
Encore faut-il les positionner à leur place sur l’échiquier des vins de ce monde. Un Pet Nat n’est, après tout, qu’un embryon de vin qui poursuit sa gestation en bouteille grâce au sucre et aux levures retenues. Il se fait tout seul, il devient vin pétillant par lui-même; sans trop d’interventions du vigneron.
C’est peut-être pour cela qu’au moins 2/3 d’entre eux sont de mauvais vins, car curieusement, la méthode ancestrale est particulièrement difficile à contrôler, encore aujourd’hui. Parlez-en aux Limouxins qui lui ont donnée quelques lettres de noblesse…
Observez la réaction du consommateur courant après qu’il ait testé pour la première fois un Pet Nat. Elle est toujours consternante. "Vous êtes sûr que ce vin n’a pas un défaut ?" est la remarque qui suit deux fois sur trois, s’il n’est pas intimidé – au point de rester coi – par la présentation promotionnelle du sommelier.
Pourquoi suis-je aussi agacé, de plus ?
Pour leurs prix ! Pour les tarifs affichés des Pet Nat ! Toujours plus élevés que ceux du vin "déposé" de l’appellation d’où il est issu. Donc illogique.
J’en ai assez parce c’est à cause de ces attitudes et de ces pratiques que la sommellerie a cette image tenace de fatuité auprès des consommateurs, où que l’on soit dans le monde.
Une minorité l’exerce encore trop souvent le menton relevé et la langue pendue. Et depuis peu, elle pousse les Pet Nat qui finalement, sont comme les bananes d’aujourd’hui : vendues vertes avec une durée de vie sur le comptoir de 48 heures.
Il y en a malgré tout de très bons, comme celui-ci, dégusté dernièrement. Un Pet Nat qui réconcilie !
Cuvée PMG – Dénomination "Pour Ma Gueule" de Julien Fouet – Méthode ancestrale – VMQS – Loire – France – 22 $ – Représenté au Québec en importation privée par l’agence Bénédictus.
Un chenin blanc aux bulles menues et persistantes qui habillent une texture suave à l’enveloppe juste assez mordante pour rappeler le cépage (pamplemousse, silex) et rafraîchir les papilles sans qu’aucune note de fermentation ne viennent les déranger. Le vin n’est absolument pas sucré, je le préconise donc à l’apéritif avec quelques huîtres ou avec un fromage assez crayeux.