Il y a 7 ans, j’ai dégusté les vins effervescents de Francis Lavoie à son domaine de Rougemont et je n’ai pas du tout été impressionné par ses cuvées. Toutes manquaient de profondeur, les arômes fleuraient les levures ou le cendrier froid et l’effervescence fuyait rapidement. Sincère, je lui résumais mon avis en disant que le travail avait été précipité. Des choses difficiles à entendre qui, amicalement, avaient été interprétées comme les réflexions "d’un maudit Français" ! Sauf que je savais que le temps me donnerait raison… J’eus l’occasion, plus tard, de déguster à nouveau certains vins, mais rien d’attrayant n’était au rendez-vous. Puis, lors du dernier salon des vins du Québec, Francis Lavoie m’invita à goûter ses vins. " D’accord, mais tout à l’aveugle, ok ?" Dès la première cuvée, je fus agréablement surpris… Et même jusqu’à la dernière cuvée. Mais qu’est-ce que Francis Lavoie avait-il pu bien faire pour que tous ses vins, cette fois-ci, soient bons ?

L’élaborateur.
C’est aussi simple que cela. 
Francis Lavoie avait engagé un vrai oenologue : Arcadie Popsoi. 

D’origine moldave (nord-est de la Roumanie), l’oenologue-technicien est aussi discret que compétent.
Il a débarqué au Québec en novembre 2013, s’est fait recruter par la famille Lavoie en janvier 2014 et depuis, il suit son petit bout de chemin au pays du froid :

"J’ai toujours pensé que les climats froids engendraient de bons vins effervescents, mais il faut aussi connaître les cépages, savoir ce qu’on veut obtenir, et surtout, guider les levures. Aujourd’hui, je prépare moi-même mes levures; c’est peut-être cette approche qui a permis aux vins du domaine d’évoluer différemment. Et je suis heureux quand on me dit, aujourd’hui, que nos vins sont meilleurs. On n’a pas changé la méthode d’élaboration (charmat), on a seulement travaillé différemment sur chaque étape."

Arcadie Popsoi est diplômé de l’Université de l’état de Moldavie (Maîtrise en vinification et écologie), il a travaillé de 2005 à 2012 pour le groupe viticole Asconi et pour Acorex Wine Holding avant de venir s’installer au Québec " persuadé que cette province est une terre viticole à bulles!"

J’ai sélectionné 2 vins effervescents parmi la vingtaine de produits qu’offre le Domaine :

Blanc Mousseux Brut – 16,55 $ – Code SAQ 12358237 :

C’est pratiquement un laboratoire des cépages québécois puisque Vidal, Eona, Cayuga et Geisenheim se partagent l’assemblage de ce vin mousseux dont la signature aromatique est celle d’une salade de poires et de pommes sur laquelle on aurait glisser un peu de miel. 
On perçoit un dosage élevé qui soutient les saveurs générales au lieu de les enrayer. Le travail a été calculé pour un résultat plaisant.
Les bulles foisonnent, alimentent la fraîcheur et terminent leur course dans la vivacité attendue. L’apéritif va être abordable et original !

Rosé Mousseux – 16,55 $ – Code SAQ :  12358245

Même authenticité québécoise que pour le mousseux blanc de la maison dans le choix des cépages puisque le Frontenac Gris, l’Eona et le Sainte-Croix sont ici assemblés pour offrir des arômes de salades de fruits rouges très expressifs. 
Je reprochais une effervescence grossière et fuyante il y a quelques années sur ce vin, elle est aujourd’hui maîtrisée, car crémeuse, compacte et longue. 
Le dosage est sensible, il soutient le fruité rouge initialement perçu avec quelques amers en finale de dégustation qui apportent un certain caractère.
À faire découvrir en apéritif aux amateurs de bulles qui ne connaissent pas encore celles du Québec et pour les convaincus, essayez-les avec un tataki de thon rouge en croûte de sésame.

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